Troina

Troina

Détail

À Troina, une ville très ancienne au cœur de l’île, classée parmi les plus beaux villages d’Italie... on y arrive en traversant un territoire extraordinaire, composé de vallées, de collines et de massifs, parfois inconnu des insulaires eux-mêmes.

Les origines de la ville remontent à la préhistoire, mais c’est avec les Byzantins, les Arabes et plus tard les Normands, que commence la période la plus glorieuse de son histoire. Le Grand Comte Ruggero d’Altavilla la choisit comme avant-poste pour conquérir toute l’île et, avec quelques moines basiliens, il prit le château aux Sarrasins, fonda de nouvelles églises et couvents, et en fit la première capitale du comté de Sicile et un évêché, elle est même devenue une importante voie de transit le long de l’axe routier Taormine-Termini.

C’est précisément à Troina que se dresse la première cathédrale normande fondée en Sicile, dédiée à Maria Santissima Assunta, principal lieu de culte de la ville et petit écrin à trésors, dont une précieuse tour normande. L’Oratoire des Bianchi, en contrebas, conserve encore la prédelle de l’autel avec laquelle le pape Urbain II célébra la messe en 1088, à la suite de l’accord avec Roger. La Tour Capitania, une tour centrale de l’ancien Château et siège du Capitaine de Justice de l’époque est un autre édifice historique. Aujourd’hui, c’est un centre culturel qui accueille plusieurs expositions, y compris une exposition archéologique permanente et d’autres présentations d’artistes contemporains.

Troina nous propose un itinéraire archéologique intéressant, composé des vestiges de la ville hellénistique et romaine et des ruines des remparts datant du IVème siècle av. J. -C., tout en conservant un riche patrimoine architectural, constitué principalement de bâtiments sacrés. L’ église de San Biagio d’origine médiévale, l’église de San Nicolò avec un arc caractéristique sous le clocher, peut-être l’une des portes de la ville, et l’église de Santa Lucia se trouvent toutes dans l’ancien quartier Scarfolio. L’ église du Carmine, avec son clocher en faïence du XVIème siècle, abrite une Vierge attribuée à Domenico Gagini. On continue avec l’église dédiée au patron de la ville, Saint Sylvestre, le moine basilien qui repose ici et dont le monument funéraire serait aussi l’œuvre de Gagini. L’artistique ferculum baroque, œuvre des célèbres argentiers siciliens Juvarra di Messina, fait belle figure dans le couvent de Sant’Agostino (XVème siècle) avec sa charmante loggia à quarante arcades.

Troina est une petite ville au charme millénaire, capable d’enchanter et de séduire avec les nombreuses histoires qu’elle peut raconter à travers ses propres cérémonies traditionnelles, comme la «Fête des Rameaux», qui se déroule l’avant-dernier dimanche de mai, de la Ddrata, le dimanche suivant, et les célèbres Intrallazzate, de vieux refrains populaires siciliens en vers.

La « Fête des Rameaux », un rite très ancien dont les racines remontent à la période préchrétienne, avec le pèlerinage de centaines de dévots dédié au saint patron de la ville, Saint Sylvestre. Le soir après la messe, les Ramara, exclusivement des hommes, parcourent les anciens sentiers de montagne pour arriver aux premières heures du matin, à la petite forêt sacrée au cœur des Nébrodes. Le lendemain, les pèlerins appelés à se recueillir au son du tambour, se rendent au sanctuaire naturel du ravin de l’Anghira de Faccilonga, où les plus courageux sont harnachés et descendus sur 300 mètres, pour pouvoir ainsi « toucher le laurier ». Les ramara reviendront au village avec de magnifiques décorations de branches de laurier, en étant accueillis par les habitants et restaurés avec les plats typiques associés à la fête.

La tradition gastronomique locale avec la vastedda cu sammucu, focaccia de farine de blé dur et d’œufs, farcie de tuma (fromage frais) et de saucisson, saupoudrée de fleurs de sureau et cuite au four à bois, est particulière. Les ‘nfasciatieddi sont des biscuits sucrés typiques, réalisés avec du vin cuit de figue de Barbarie. Nous dégustons également les cudduri, des gâteaux de Noël typiques, et la piciocia, un ancien plat paysan, fait avec de la farine de pois cornus, des pois chiches et des petits pois.

L’histoire récente nous raconte une bataille historique qui a eu lieu à Troina, entre les soldats allemands, retranchés dans le village, et les Américains, qui s’acheva par un bombardement important qui fit plusieurs victimes, dont de nombreux civils. L’événement est largement documenté par les photos historiques de Robert Capa, recueillis et exposés dans l’édifice de la Tour Capitania.

Impossible de ne pas mentionner, enfin, le riche patrimoine naturel du territoire ; Troina est, en effet, située dans le parc des Nébrodes. À quelques kilomètres de la ville se trouve le lac Sartori (ou lac d’Ancipa), le plus haut bassin artificiel de la Sicile, niché dans une zone boisée de 4 200 hectares propice à de longues randonnées à pied ou à cheval.